Remise du XXIe Prix Italiques à Mariolina Bertini

Le XXIPrix Italiques, décerné le 3 décembre 2021 à Mariolina Bertini, pour L’ombra di Vautrin. Proust lettore di Balzac (Roma, Carocci, 2019), À l’ombre de Vautrin. Proust et Balzac (Paris, 2019), publié presque simultanément en italien et en français, lui a été remis dans le cadre prestigieux du palazzo Lenzi, Institut français de Florence.

La laureata

Mariolina Bertini è torinese. Laureata dell’università di Torino,  è stata ricercatrice presso quest’università dal 1981 prima di passare all’università di Parma dove ha insegnato come professore ordinario la letteratura francese dal 1988 al 2017.

Si è dedicata prevalentement ai romanzieri dell’Ottocento e del Novecento, Balzac, Proust e molti altri, a anche ad autori moderni e contemporanei, come Perec et Modiano. Ha curato le edizioni delle principali opere di Proust : per Einaudi, Contre Sainte-Beuve, 1975 et 1991 ; Jean Santeuil, 1976, Scritti mondani e letterari, 1984, e la revisione generale della Recherche du temps perdu, 1978 ; pour Bollati Boringhieri, I piaceri e i giorni, 1988. Ha inoltre dedicato a Proust due monografie, Guida a Proust, Mondadori, 1981, e Introduzione a Proust, Laterza, 1991, e una raccolta di saggi, Proust e la teoria del romanzo, Bollati Boringhieri 1996.

Tra le altre sue pubblicazioni, si noterà particolarmente, una raccolta di prefazioni ed altri scritti teorici di Balzac (Poetica del romanzo, Sansoni, 2000) ; una sostanziale selezione della Comédie humaine per Mondadori (1994-2005) ; e, con Antoine Compagnon, Morales de Proust, Cahiers de littérature française, n. IX-X (L’Harmattan).

Mariolina Bertini ha collaborato a numerose riviste italiane e francesi. È vice-direttrice della rivista L’Indice.  È  membro di numerose società fra cui la Société des études romantiques et dix-neuviémistes, il Groupe International de Recherches Balzaciennes e membro corrispondente per l’Italia de L’Année Balzacienne. È dal 2012 socio corrispondente dell’Accademia delle scienze di Torino. È stata invitata da Antoine Compagnon a tenere una conferenza nel suo seminario al Collège de France (2008) e ha partecipato a vari convegni, alla Sorbonne e all’Istituto italiano di cutura di Parigi.

 

L’opera

L’ombra di Vautrin. Proust lettore di Balzac, Roma, Carocci, 2019
À l’ombre de Vautrin. Proust et Balzac, Paris, Classiques Garnier, 2019.

Dans cet essai, Mariolina Bertini analyse la relation entre deux figures majeures de la littérature française, Proust et Balzac. À travers une lecture minutieuse des écrits de Proust, elle met en lumière l’influence, trop méconnue, de l’auteur de la Comédie humaine sur celui de la Recherche du temps perdu, en particulier sur l’élaboration de sa méthode critique et la constitution de son esthétique littéraire. Elle décrit ce qu’ont été les étapes de cette approche progressive, dont les prémisses sont contemporaines de la rédaction de Jean Santeuil, dans les dernières années du XIXe siècle. Les pastiches de Balzac que rédige Proust en 1903 et 1908 font apparaître sa virtuosité à s’approprier le style balzacien dont il se plaît à imiter la phrase complexe.

Mais c’est avec le Contre Sainte-Beuve, dans les années 1908-1909, que Proust prend la pleine mesure du génie balzacien en s’insurgeant contre l’incompréhension à laquelle aboutit la critique positiviste de Sainte-Beuve. Il lui reproche avec véhémence de ne rien avoir compris à Balzac, de le couvrir de critiques absurdes et superficielles en le réduisant à un auteur de mélodrames au style vulgaire.

Or, écrit Proust, « chaque mot, chaque geste a ainsi des dessous dont Balzac n’avertit pas le lecteur et qui sont d’une profondeur admirable ». Et encore : « Sous l’action apparente et extérieure du drame, circulent des mystérieuses lois de la chair et du sang ».

Ce que démontre limpidement Mariolina Bertini, qui a longtemps travaillé sur le Contre Sainte-Beuve et en a réalisé la première édition italienne, c’est que l’approche réductrice de Sainte-Beuve a été le déclencheur du regard neuf que Proust jette sur l’auteur de la Comédie humaine. Il mesure alors toute la complexité du continent Balzac et, en particulier, l’attention qu’il a accordée aux pulsions souterraines (les « dessous ») qui gouvernent l’existence des êtres humains.

L’aboutissement de cette imprégnation balzacienne, c’est dans la Recherche même, vers 1915, qu’on en trouve la trace la plus éclatante avec le personnage de Charlus, sur lequel plane « l’ombre de Vautrin ». En effet, comme le relève pertinemment Mariolina Bertini, Vautrin est “l’anello che unisce Proust à Balzac”. Vautrin est comme la préfiguration de Charlus. Malgré tout ce qui les différencie, ils appartiennent tous deux à ce que Proust appelle « la race maudite ». À cela près que le thème de l’homosexualité qui chez Balzac, en raison des conventions du temps, demeure de l’ordre de l’implicite, du non-dit et exige, selon Mariolina Bertini, un effort de « déchiffrement », est affirmé comme tel par Proust  à travers la figure de Charlus.

Au fil de cette enquête à la fois subtile et rigoureuse, Mariolina Bertini met au jour de façon magistrale l’originalité de la lecture proustienne de Balzac et l’intensité des correspondances secrètes qui unissent deux écrivains à la sensibilité et au style apparemment si contrastés.

Jean Musitelli

Voir aussi
Rencontre entre deux Prix Italiques autour de Vautrin, Mariolina Bertini (Prix 2021) et Luca Francesconi (Prix 2018): « Balzac à l’Opéra : Luca Francesconi dialogue avec Mariolina Bertini »,  Institut culturel italien de Paris, 7 mars 2017.


Mariolina Bertini et Jean Musitelli (photo Juliette Chemillier)

Lire aussi:
Davide Vago, « Mariolina Bongiovanni Bertini, À l’ombre de Vautrin. Proust et Balzac »Studi Francesi, 191 (LXIV | II) | 2020, p. 433-434.
Mariolina Bertini, « Philippe Blay, Jean-Christophe Branger et Luc Fraisse, Marcel Proust et Reynaldo Hahn. Une création à quatre mains », Studi Francesi, 187 (LXIII | I) | 2019, p. 210-211.
Mariolina Bertini e  Ilaria Vidotto, « Schermi balzacchiani: Proust e l’ombra di Vautrin »Proust politique : De l’Europe du Goncourt 1919 à l’Europe de 2019, Quaderni proustiani, vol. 14, No. 1 (October, 2020), Padova University Press.
Giacomo Verri, « Le letture francesi di Mariolina Bertini: Proust contro Cocteau », Giacomo Verri Libri, 7 giugno 2017.
Mariolina Bertini, « Moralité de la lecture, de la vision pédagogique de Ruskin à la complicité proustienne », transcription renarrativisée du séminaire d’Antoine Compagnon au Collège de France n° 9, 11 mars 2008.

Mariolina Bertini, Prix Italiques 2021
(photo Juliette Chemillier)

 

 

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